Photographie thérapeutique, lorsque la photographie se met au service de l'accompagnement

Miroir, mon beau miroir....

Vous vous rappelez de cette scène dans Blanche-Neige où la reine interroge son miroir?

La reine, à son plus grand désarroi, ne reçoit pas la réponse tant attendue. Non seulement elle n'est pas la plus belle du royaume, mais Blanche-Neige l’est mille fois plus encore plus. Incapable d'accepter ce que lui renvoie ce reflet, c'est alors le drame.

Cette scène illustre assez bien ce qui se passe parfois dans les processus de photographie thérapeutique. Derrière le reflet que je perçois, d'autres choses se révèlent... Et là, ça devient vraiment intéressant... Notre manière de nous regarder pourrait-t-elle donc nous raconter?

La photographie lorsqu'elle devient un support d’accompagnement thérapeutique invite à poser ce regard-là. Cela nous demande de nous mettre face à nous-même et de nous voir vraiment. C'est observer ce que nous voyons au-delà de notre apparence. Cela demande du courage car c'est souvent confrontant... Cela invite à sentir comment je m’apprécie et comment je me traite.  Qu'est-ce que je n'aime pas (et ne veux pas voir)? Que se joue-t-il pour moi de me montrer ou me mettre en lumière? Comment mon corps y réagit-il? Puis-je me dévoiler à l’autre? Où sont mes masques, mes ornières? Les enjeux ou les dangers? Comment ce regard que je me porte et l’accueil que je m’offre impacte l’estime que j’ai de moi-même?

Se voir, c'est rencontrer tout ce qui est là. Ce diamant à mille facettes caché sous ses nombreux voiles. C’est une véritable opportunité de voir ce avec quoi je suis en guerre et que je ne suis pas prête encore à embrasser ou autoriser. Accepter mon être. Me laisser voir sans masque. Risquer de perdre l’image parfaite que je voudrais donner. Me rencontrer pour ce que je suis dans cet instant. Lorsque j’arrête de me détourner de moi, un changement s’opère profondément. Ce face à face crée une plus grande grande intimité avec moi-même.

En retrouvant cette bienveillance à mon égard, je deviens de plus en plus capable de m’accueillir et m’accepter. Je m’ouvre à ma vulnérabilité. Je prends le risque de me laisser voir totalement. Faire tomber les masques, c’est me révéler au monde avec ce que j’ai de plus sensible. J'ouvre mes vérités les plus profondes pour les dévoiler à d'autres êtres humains: mes imperfections, mes pensées secrètes ou mes sentiments pour les réintégrer.

Je prends le risque de laisser entrer l’amour et de me laisser aimer pour qui je suis. En retrouvant ce regard amoureux avec moi-même, j’apprends simplement à me dévoiler au monde avec toute ma singularité.

L'amour est un creuset alchimique. Prendre le temps de se pencher vers ces endroits douloureux, contractés et solitaires, avec tendresse, patience, douceur et délicatesse, les transforme. Se regarder vraiment devient alors un chemin d’amour…

Et vous, que vous raconte votre miroir?

Cybèle